| Pistolet type 1733/34
Pistolet type 1733/34
Cette arme, achetée dernièrement n'a pas encore de numéro d'inventaire, c'est un pistolet à silex et poudre noire de la première moitié de 18ème siècle. Très élégant, il est fait de noyer de fer, d'acier et de laiton, il est tout en longueur et mesure presque un demi mètre, sa crosse très peu prononcée est habillée de métal à la couleur dorée. Cette arme présente des caractéristiques intéressantes, elle fait partie des premières armes réglementaire française. Le règlement : c'est celui du 18 janvier 1734 promu par le Roi Louis XV. Il va définir les caractéristiques physiques, techniques des fusils et pistolets telles que la longueur des armes, les platines, le calibre pour ces différents instruments à feu utilisés dans son armée. Standardiser le matériel à disposition des Etats Majors est l'une des préoccupations du pouvoir. C'est dans cette première moitié du 18ème siècle que commence la production en grandes séries des armes à feu. Ces ordonnances ne sont pas exhaustives et permettent quelques variations d'un arquebusier à l'autre, je vous rappelle que le terme d'arquebusier de l'époque correspond à celui d'armurier d'aujourd'hui.
Ce type de pistolet va servir aux dragons, à la cavalerie, à la marine et aux officiers de l'infanterie et de l'artillerie ; il va se révéler utile mais d'une précision aléatoire, d'un maniement difficile, trop long et trop lourd, sans compter une mise à feu réussie que 8 fois sur 10. Pour tirer l'arme chargée, il fallait armer le chien rabattre le miquelet sur le bassinet rempli de pulvérin et tourner l'arme vers la gauche puis appuyer sur la queue de détente, le geste de tourner vers la gauche assurant un meilleur contacte du feu du bassinet avec la lumière du canon pour faire partir le coup. Regardez les gravures de l'époque, le tireur est souvent représenté poignet tourné vers la gauche.
Ce pistolet 1733/34 a une platine en fer poli à miquelet de type française 18ème siècle, marquée à l'intérieur WI nom du fabricant sans doute. D'autre part cette platine est marquée sur sa plaque externe, « Manufacture de Chârleustte », un nom introuvable dans les livres, mais elle ressemble aux platines des manufactures françaises et belges du milieu du 18ème. Les décors de cette arme sont en laiton. très élégamment découpés ils ne rouillent pas contrairement aux décors de ceux tout en fer et acier polis de la même facture qui sont pourtant les armes de l'élite de l'époque, étonnent ! Les ornements en laiton du pistolet sont : la calotte à deux oreilles latérales et son clou central pouvant servir de massue au cas où
, le pontet accroché à l'avant et à l'arrière par des vis et qui forme la sous-garde, la contre-platine, qui permet la fixation du système de mise à feu et les 2 porte-baguettes élégants toujours en laiton qui complète le décor. Toutefois il manque le cerclage en laiton qui est sur toutes les images des pistolets 1733/34 consultées. Vu la présence d'une réparation sous le canon, il se pourrait que ce cerclage ait disparu lors d'un accident et qu'il ait été réparé avec du bois sans métal. Plusieurs pistolets semblables au nôtre sont dénommé pistolet de la Maréchaussée c'est l'un des possibles pour le nôtre
. Enfin et pour finir cette Maréchaussée c'est quoi exactement ? Hé bien c'est la police des Maréchaux de France, la police des militaires qui sera fondue dans la Gendarmerie quelques années plus tard au royaume de France.
Voici les caractéristiques techniques de cette arme :
Pistolet de type 1733/34 à silex du milieu du 18ème siècle
Les marquages sont : Sur la platine, Manufacture de Charleustte marque à l'intérieur WI. Sur le canon : D Y .N. I 3 probablement le régiment et la compagnie au quel cette arme appartenait. Sur la gauche du canon un petit marquage, au motif de fleur de lys, marqué à chaud sur le canon. Le bois est en noyer un peu vermoulu mais il à plus de 260 ans. Longueur totale de l'arme 480mm. Du canon 310mm La platine 133mm. Pas de hausse. Le guidon est en fer et en demi-lune placé à 40mm. de la bouche. Le calibre est de 18mm. Balle ronde en plomb fondu. Son canon est à 6 pans au tonner et devient rond dès le 2ème tiers du fût, il est rond jusqu'à la bouche. Sous le canon, le bois se poursuit jusqu'à la fin du métal. Une baguette est fixée sous l'arme et celle-ci se termine par un bout métallique en forme de poire aplatie pour aider à la charge de la poudre et du projectile.
La masse est de 1,240 kg. Toutes ces caractéristiques correspondent aux règlements édictés par Louis XV, ce qui fait de cette arme, un objet rare et précieux.
L'archiviste Rémy Mattenberger.
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